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14.0 DISCUSSION ET CONCLUSION GÉNÉRALES

14.4 Retombées générales, exploitation et prolongement de cette recherche


Ce travail se veut une réponse directe à une préoccupation exprimée par le milieu de la santé et de la sécurité du travail, lequel a été associé de façon étroite à sa réalisation. Le rapport s'adresse en premier lieu aux hygiénistes industriels, y compris les techniciens; il devrait intéresser également un certain nombre d'autres intervenants spécialisés en santé et en sécurité du travail notamment les inspecteurs de la CSST, les conseillers en prévention des associations sectorielles ainsi que les techniciens, ingénieurs et chimistes des entreprises. Cet ouvrage devrait aussi sensibiliser les intervenants en environnement et en santé environnementale à l'impact possible de leurs pratiques sur la santé et la sécurité du travail. Au cours de la réalisation de ce travail notre opinion a déjà été sollicitée par un grand nombre de professionnels des secteurs privés et publics aux prises avec divers problèmes reliés à l'utilisation des solvants. Nous nous sommes efforcés d'y répondre, principalement en référant nos interlocuteurs à diverses sources d'information.

Comme nous l'avons souligné à diverses reprises dans ce rapport, l'accès à une information fiable et complète est essentiel dans la démarche d'élimination des dangers préconisée. À ce titre il apparait souhaitable que soient plus aisément accessibles les données complètes sur la composition des produits commerciaux ainsi que les profils des effets des substances dans les domaines de la santé, de la sécurité du travail et de l'environnement. Nous ne pouvons qu'appuyer les actions entreprises par divers organismes comme la CSST, par son Répertoire toxicologique et par sa diffusion de banques de données, et suggérer leur élargissement.

Au delà de l'information toxico-environnementale, il ressort de l'expérience internationale que la recherche et le développement de solutions ainsi que leur implantation nécessitent souvent une approche avec forte composante technique, qui dépasse le cadre de l'entreprise individuelle et se rapproche du modèle sectoriel avec participation des instances publiques : groupes de travail techniques comme à l'EPA aux États-Unis, programmes de transfert technologique comme en Europe. Au Québec les Associations sectorielles paritaires de santé et de sécurité du travail, ou d'autres instances paritaires comme l'IRSST ou la CSST, pourraient être amenées à jouer un rôle de formation, d'information et de catalyseur en ce qui concerne la problématique de la substitution des solvants (colloques, tables rondes, guides de formation, lien avec les organismes de recherche et de développement comme le CRIQ).

En ce qui concerne la continuation possible de notre recherche diverses pistes sont à considérer. Tout d'abord il serait possible d'élaborer un outil informatisé, sous forme d'une banque de données conviviale permettant de mettre à la disposition des intervenants des données structurées et régulièrement mises à jour pour les aider à éliminer les solvants dangereux de leur milieu. Le support de l'outil pourrait être une disquette autonome contenant au minimum les éléments suivants : les parties pertinentes du présent rapport, notre banque de données bibliographiques et la banque de données de cas de substitution dûment complétée.

D'autres développements possibles de recherche touchent plus précisément au domaine de la toxicologie. Il est clair en effet que les transformations en cours et futures sur l'utilisation des solvants devraient avoir un impact sur la pratique et la recherche en toxicologie industrielle. D'une part l'information traditionnelle santé-sécurité du travail doit être complétée par l'information sur les effets environnementaux des substances; d'autre part l'ensemble des éléments d'information doit être analysé dans une perspective de comparaison menant à des choix clairs. Une grille d'analyse des dangers doit être élaborée et la réflexion ne fait que commencer au niveau international à ce sujet. Il s'agit d'un domaine où des contributions intéressantes pourront venir des chercheurs en toxicologie. Un autre aspect complémentaire touche à l'introduction en milieu de travail de «nouvelles molécules», pensons aux terpènes ou aux esters dérivés d'acides gras, qui n'ont pas fait l'objet d'une étude aussi approfondie que les solvants classiques. Là encore les toxicologues en collaboration avec les hygiénistes, les infirmières et les médecins du travail devront se pencher sur les effets potentiels et réels de ces substances ainsi que sur les méthodes de surveillance environnementale, biologique et médicale applicables ou à élaborer.

Dans l'immédiat, une large diffusion de ce rapport et diverses autres actions de communication en cours (articles, conférences, colloques) devraient permettre de répondre en grande partie, nous l'espérons, aux attentes actuelles des divers intervenants et par là même contribuer à réduire les dangers à la source. Le fardeau des lésions professionnelles et des maladies environnementales devrait s'en trouver allégé, malgré le peu de visibilité que peuvent avoir ces maladies à cause d'un phénomène bien documenté de sous-reconnaissance notoire.

Finalement nous espérons que ce travail pourra susciter ou appuyer des actions de recherche et de développement de produits et procédés plus propres et plus sains. Ces actions devraient constituer des investissements rentables pour les entreprises et la société en général.