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4.0 SUBSTITUTION : BASES THÉORIQUES, MODÈLES ET OUTILS

4.4 Modèles et outils pour l'analyse de substitution

4.4.2 Approches globales à la substitution


Les auteurs s'accordent habituellement pour considérer les facteurs suivants comme étant critiques à considérer lorsque l'on envisage d'éliminer une substance dangereuse du milieu de travail :

htmlgifs/dot_lg.gif la faisabilité technique;

htmlgifs/dot_lg.gif la santé et la sécurité du travail;

htmlgifs/dot_lg.gif la protection de l'environnement général;

htmlgifs/dot_lg.gif les facteurs économiques;

htmlgifs/dot_lg.gif les facteurs humains et organisationnels.

La procédure en sept étapes résumée ci-dessous est une synthèse dérivée de la publication-guide danoise de Filskov et coll. (Filskov,1989 ), d'un article plus théorique de Goldschmidt (Goldschmidt,1993a ) et de synthèses effectuées par le Health and Safety Executive britannique (Russell,1992 ; HSE, 1994 ). Nous référons les lecteurs aux publications originales pour le contenu détaillé spécifique à chaque auteur et pour divers exemples qui illustrent la procédure.

Identification du problème Dans la première étape, l'identification du problème, il s'agit de formuler de façon très précise le problème à résoudre, nommément : 1) les raisons pour lesquelles l'on veut éliminer une substance particulière et 2) pourquoi la substance que l'on veut éliminer est utilisée. Pour cela il faut : 1) rassembler l'information sur la substance ou le produit en termes de dangers et d'effets potentiels observés et 2) analyser les besoins satisfaits par l'utilisation de la substance. Pour ce dernier point, il faut remonter le plus loin possible la filière des exigences. Par exemple il ne suffit pas de dire qu'un solvant donné est utilisé pour nettoyer une pièce en cours de production, il faut aussi se poser la question de l'utilité de la propreté de cette pièce dans le processus de production.

Identification de solutions alternatives L'analyse des besoins (le pourquoi) amène logiquement à identifier une série d'alternatives, c'est-à-dire de solutions permettant de répondre à ces besoins (le comment). Il s'agit là de la deuxième étape du modèle, l'identification et l'élaboration d'une série d'alternatives, qui se lie logiquement à la première étape dans un aller-retour caractéristique des méthodes utilisées dans le domaine de la mise au point de produits (analyse fonctionnelle). C'est la phase des idées faisant appel à un «remue-méninges» et une remise en question approfondis. La série d'alternatives, que ce soit des produits de remplacement ou des procédés de substitution, doit être la plus large possible. En plus des solutions suggérées par diverses sources documentaires ou autres, il est possible de faire appel à ce stade-ci à des outils permettant de proposer des alternatives techniquement viables, par exemple des solvants ayant le pouvoir de solubilisation souhaité (voir section suivante ).

Évaluation des conséquences Au cours de la troisième étape il s'agit d'évaluer les conséquences de l'implantation des différentes alternatives, lesquelles sont ensuite comparées entre elles et avec la solution originale dans l'étape quatre (comparaison). Ce qui importe à ce stade c'est de rassembler l'information la plus complète possible sur les propriétés pertinentes des substances et procédés possibles, en termes de santé et sécurité du travail, d'environnement, d'efficacité technique et de coûts (voir les sections concernant ces facteurs). Le choix potentiellement complexe d'une solution particulière parmi une série d'alternatives (étape 5) va dépendre de la qualité et de l'exhaustivité de cette information et des critères que l'on a pu choisir à l'avance pour prioriser les divers facteurs cités. En ce qui concerne les facteurs reliés à la toxicité, diverses pistes pour procéder à une comparaison sont abordées dans la section sur les facteurs de santé et de sécurité du travail (SST). Les étapes subséquentes impliquent l'implantation puis l'évaluation de la substitution. L'implantation peut être effectuée de façon progressive suite à des essais et projets-pilotes. L'évaluation doit porter sur l'ensemble des facteurs cités au départ et assurer qu'une amélioration sensible a été obtenue pour les paramètres recherchés (santé du travail, environnement).

Sørensen et Styhr Petersen de l'Université Technique du Danemark proposent une méthode qu'ils présentent comme étant axée sur le procédé (Sørensen,1988 ; Sørensen,1991 ; Sørensen,1993a ). La procédure implique d'abord d'établir, au niveau de la compagnie, une liste des substances et produits utilisés, y incluant les noms de commerce, les fournisseurs, l'étiquettage, la composition (obtenue auprès des fournisseurs), les précautions et dangers associés. Souvent l'établissement d'une telle liste permet déjà de «purger» un certain nombre de produits inutiles ou faisant double emploi. Il faut ensuite obtenir, sinon élaborer, des feuilles de données détaillées comprennant de l'information physico-chimique et sur les effets à court et long terme des substances et produits. Les procédés sont ensuite décrits après une étude approfondie au niveau de plusieurs compagnies et de la littérature, permettant de mettre en évidence les variantes et différentes alternatives possibles. En plus des éléments techniques, les descriptions comprennent les dangers professionnels. Le risque à la santé des travailleurs est ensuite évalué. Il est jugé comme faible si les substances n'ont probablement pas d'effets à long terme, si les niveaux d'exposition sont inférieurs à la valeur limite d'exposition (VLE) et s'il n'y a pas d'indice de maladie chez les travailleurs. Si le risque n'est pas faible la substitution doit être envisagée, qu'elle soit au niveau du produit seulement, de l'équipement et du produit, ou du procédé au complet. D'après ses auteurs, cette procédure est particulièrement adaptée aux procédés complexes ou mal documentés en terme de santé et sécurité du travail, à cause de son aspect systématique.

Wolf propose une approche simplifiée à la sélection des substituts dans le cas des solvants, notamment des solvants chlorés utilisés pour le nettoyage. Elle regroupe les diverses catégories de solvants en classes génériques qui définissent leurs propriétés techniques et environnementales, lesquelles sont décrites par neuf paramètres (VLE, VOC, HAP, point d'éclair, taux d'évaporation, pouvoir de solubilisation, PDO, effet de serre, toxicité). Des règles simples sont énoncées portant sur l'influence de la structure chimique sur les propriétés environnementales des substances. Cette approche permettrait de focaliser rapidement la recherche de substituts en définissant les classes de solvant acceptables (Wolf,1993-1994 ).